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 VELVET UNDERGROUND - White Light / White Heat

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KFD
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VELVET UNDERGROUND - White Light / White Heat Empty
MessageSujet: VELVET UNDERGROUND - White Light / White Heat   VELVET UNDERGROUND - White Light / White Heat EmptyVen 1 Jan - 8:25

En 1968 sort le deuxième album du Velvet Underground, White Light / White Heat. Exit les ballades popisantes avec la mannequin allemande Nico au chant; on a cette fois affaire à du pur rock de junkie, bâti sur les vestiges mélodieux du premier album: batterie primitive, basse débraillée, solos de guitare à la saturation criarde et débordante de larsens, vocaux de défoncé en plein trip...

White Light / White Heat part sur les bases de hits du précédent album comme "I'm Waiting for the Man", "Run Run Run", ou le riff celtisant de "Venus in Furs", pour pousser à bout l'expérimentation sonore qui caractérise la fin des années 60. Le titre d'ouverture éponyme résume bien cette démarche: partant sur un schéma rock'n'roll classique avec un piano et un choeur répété au début de chaque phrase, il finit de façon presque chaotique, comme si la rage des musiciens devenait la plus forte. Le second titre "The Gift" consiste en une courte histoire récitée à voix haute sur fond de section rythmique lancinante. Surprenant, mais pas dénué de charme. Il marque définitivement l'éloignement du groupe par rapport à la musicalité du premier opus. Ce principe de raconter une histoire sur fond de section rythmique - au lieu de servir des paroles de remplissage qui correspondent à la mélodie et au rythme - est repris sur "Lady Godiva's Operation" et sur "Sister Ray", même si Lou Reed chante pour de bon.

A propos du chant de Lou Reed, sa tonalité insolente et déglinguée renforce considérablement le charme de l'album. Lou Reed, homosexuel juif new-yorkais, qui écrit des textes explicites sur les drogues dures et les déviances sexuelles, à une époque où ces sujets sont encore tabous dans la société civile. Lou Reed, dont le chant nasillard exprime à la fois la joie de vivre engendrée par la prise de produits chimiques, et la rage de faire partie de la marge (les ventes de White Light / White Heat resteront d'ailleurs assez marginales, et à ce jour encore, cet album reste méconnu du grand public). Lou Reed, qui raconte dans son interview avoir subi durant sa jeunesse des séances d'électrochocs pour corriger son orientation sexuelle. Tout cela marque, forcément, autant le chanteur que l'auditeur.

"Lady Godiva's Operation", à la façon de "Heroin", est une chanson descriptive, presque soporifique. Il faut attendre la dernière partie de l'album pour que la rage se déchaîne. D'abord, "I Heard Her Call My Name", brûlot quasi-punk, au tempo rapide et rempli de solos acides qui rappellent Hendrix, la virtuosité et la précision en moins. Enfin, "Sister Ray" et sa mythique improvisation finale. Le rythme s'accélère, l'orgue saturé part dans tous les sens, Lou Reed radote les paroles comme un damné, haletant, oscillant entre chant et vocaux parlés. On imagine parfaitement le groupe enregistrer la prise en improvisation totale, juste après consommé une drogue, de façon à ce que la montée coïncide avec la phase d'improvisation. Je n'envisage pas une seule seconde qu'un tel titre ait pu être enregistré à jeun. (Chez le Velvet Underground, la musique semble n'exister que pour relater le trip; elle l'incarne, en quelque sorte.)

White Light / White Heat est un album à l'influence déterminante, à plusieurs égards. Tout d'abord, pour l'évocation explicite de thèmes très subversifs pour l'époque. Ensuite, pour la saleté de la production qui n'est pas liée au manque de moyens technologiques, et qui résulte donc d'un choix délibéré. Enfin, pour l'expérimentation sonore avec la saturation, les larsens, et l'improvisation. Finalement, ces trois éléments sont liés: il s'agissait pour le groupe de sortir un produit brut, sans concession, sans se soucier de l'accueil qu'il allait susciter - en résumé, de jouer du rock en se débarrassant du côté show business. Du coup, l'album paraîtra anecdotique, brouillon, voire carrément inaudible à beaucoup d'auditeurs, qui ne retiendront de la prestation du groupe que sa sauvagerie et son approche désinvolte, sans la remettre dans son contexte historique. Or, comment juger une oeuvre d'art en la dissociant de son contexte? Le fait que White Light / White Heat sonne toujours aussi sale et inaccessible plus de quarante ans après sa sortie atteste que sa subversion est encore d'actualité, ce qui en fait un album à la fois préhistorique et historique.
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